DU TRÔNE

Á L'ÉCHAFAUD!



Introduction
L'article suivant, publié dans une Revue allemande en Décembre 1927, évoque, ou raconte de façon plus détaillée, les tristes histoires de plusieurs reines, victimes de la haine, de la jalousie, de rivalités, ou bien qui furent les «jouets» de pouvoirs sanguinaires et du destin, mortes, plus ou moins légalement assassinées, la plupart la tête tranchée.

Ce texte fut, à l’époque, introduit de la manière suivante :

«L’essai suivant "Du trône à l'échafaud" a pour but de, de nouveau, permettre aux lecteurs sérieux un regard plus approfondii dans la Machinerie de la Création, de les introduire dans le mystérieux Tissageii de la Fonction de Réciprocité, avec laquelle ils doivent, peu à peu, se familiariser pour consciemment commencer leur Ascension spirituelle

De plus, les plus sérieux et les plus profonds des lecteurs de la Publication étaient « priés de réfléchir à la façon avec laquelle la Fonction de Réciprocité de la Volonté Divine se déclenchera pour toutes les personnes mentionnées dans cet essai et à envoyer leur façon de voir à ce sujet par écrit à la Rédaction » de la Publication.

Les intertitres et surtout les illustrations ont, par contre, bien sûr, été ajoutés par les actuels éditeurs de l’édition française du texte.


Du trône à l'échafaud

par le Professeuriii Alfred Börckel,

Conseiller à la Couriv, Mayence

Au moment où Charlotte de Belgique, l’infortunée veuve de l'empereur Maximilien du Mexique - {lequel fut} exécuté à Querétaro en 1867 -, au bout de longues années d'aliénation mentale, mourut {à son tour} l’on se souvint, une fois de plus, de celles partageant un semblable destin, et dont la vie n'avait pas duré aussi longtemps que celle de la princesse belge, née en 1840, mais dont la fin avait été d'autant plus horrible.

Les noms de ces victimes couronnées sont inscrits dans le Livre de l'Histoire avec des lettres de sang : Les impératrices Agrippina et Messaline ont été exécutées, l'impératrice autrichienne Élisabeth, la reine serbe Draga et la tsarine russe Alexandra ont été assassinées. Plus nombreuses encore sont les reines décapitées. Parmi ces dernières, qui feront ici l'objet d'un examen plus approfondi, figurent : Anne Boleyn, Catherine Howard, Jeanne Grey, Marie Stuart et Marie-Antoinette.

Catherine d’Aragon

Après avoir accédé au trône d'Angleterre le 21 Avril 1509, le roi Henri VIII, qui, tout en étant doté de grands talents, déployait une cruauté et une sensualité répugnantes, épousa définitivement Catherine d'Aragon.

Il avait déjà été lié avec elle auparavant par un contrat de mariage. Toutefois, ce mariage fut dissous, peu de temps après, soi-disant parce que le Roi avait des remords d’avoir épousé la veuve de son frère.


Anne Boleyn

En réalité, c'était à cause de son amour pour la belle demoiselle d'honneur, Anne Boleyn, la fille du futur comte de Wiltshire.

Même avant que son premier mariage eût été annulé par l'archevêque Crammer, le roi, séduit par les charmes de sa maîtresse, épousa Anne en Janvier 1533.

Tant que la légitimité de son deuxième mariage fut mise en doute, Henri VIII témoigna à sa jeune épouse une grande tendresse et ce ne fut qu'après la mort de Catherine que ses sentiments à son égard s'estompèrent et qu'il commença à écouter les envieux et les ennemis de celle-ci.

A cela s'ajoutèrent la naissance d'un prince mort-né, une nouvelle passion du roi pour Jeanne Seymour, une autre demoiselle d'honneur, et le comportement un peu indépendant, bien qu'irréprochable, de son épouse.

Surtout le roi Henri VIII permit à sa belle-sœur, la vicieuse marquise de Rochefort, la mise en suspicion de la vertu de la reine, allant jusqu'à l'accuser d'inceste avec son frère. à la suite de cela, le roi, qui était à la recherche d'un motif pour pouvoir dissoudre son mariage, afin de lui permettre d'épouser Jeanne Seymour, la convoqua devant un tribunal dont les juges soit étaient ses pires ennemis soit étaient animés par des motifs religieux qui les poussaient à la poursuivre en tant que protectrice de l'enseignement protestant. Malgré tous les efforts des juges partiaux pour déformer ses déclarations, ils n'arrivèrent à la charger d'aucun délit. Néanmoins, elle fut condamnée à être, au gré du roi, soit décapitée soit brûlée. Pour échapper au supplice d’une telle mort, l'infortunée dût, au préalable, faire une déclaration disant qu'il existait un obstacle rédhibitoire relatif à son mariage avec Henri. Ce n'est qu'après cette déclaration que la belle reine fut décapitée, le 19 Juin 1536.


Jane Seymour

Pas plus de onze jours après cet événement, Henri épousa Jeanne Seymour.

Le 12 Octobre 1537, celle-ci mit au monde un fils, le futur roi Édouard VI, mais elle mourut peu de temps après.


Anne de Clèves

Le mariage suivant, avec la princesse Anne de Clèves, devait également mal finir. Il se termina par un divorce en Juillet 1540.


Catherine Howard

Dès le mois d'Août, le roi épousa Catherine Howard, une nièce du duc de Norfolk.

Ses dons de beauté et d'amabilité permirent à Catherine, dans un premier temps, d'exercer un grand pouvoir sur le roi. Néanmoins – voir aussi la tragédie "Catherine Howard" de Rudolf von Gottschallv – elle ne pouvait pas captiver celui-ci de façon permanente.

Accusée d'infidélité et condamnée pour ce délit, comme dans le cas d'Anne Boleyn, elle aussi fut décapitée le 13 Février 1542.


Catherine Parr

Après cela, le roi contracta un sixième et dernier mariage avec Catherine Paarvi, la veuve de lord Latimer, qui devait, quant à elle, survivre à ce roi au goût prononcé pour les mariages.


Jane Grey

La reine suivante à subir le sort d’être décapitée fut Jeanne Grey, née en 1535.

Par sa mère, elle était la petite-fille de la veuve de Louis XII de France et l'arrière-petite-fille d'Henri VII d'Angleterre. En 1553, elle épousa Guilford Dudley, le fils cadet du duc de Northumberland, qui extorqua au jeune roi Édouard un ordre de succession au trône, dans lequel Jeanne Grey occupait la première place parmi ses sœurs.

Jane, qui, jusqu'alors, s'était occupée d'études classiques et religieuses, ne savait rien de la politique et n'avait aucune ambition.

Ce ne fut que les larmes aux yeux qu'elle avait accepté cette élévation, suite aux plus pressantes demandes de sa famille.

Le 10 Juillet 1553, à Londres, elle fut proclamée reine.vii

Etant donné que l'ancien droit de succession instauré par Henri VIII, conservait tout de même sa validité, Jeanne, son époux et son père furent arrêtés.

A la suite d'une révolte en sa faveur, elle fut décapitée le 12 Février 1554.

Pour rester ferme à l'égard d'elle-même et de son époux, qu'elle aimait tendrement, elle refusa, le jour de sa mort, de prendre congé de lui.

Elle demeura si forte qu'elle supporta de suivre, depuis une fenêtre de sa prison, la décapitation de celui-ci et l'enlèvement de son cadavre. Avec le même courage, elle monta, une heure plus tard, sur l'échafaud.

Plusieurs écrivains ont traité ce sujet sous forme d'un drame ou d'un roman – comme le roman de la comtesse Robiano (Leipzig, 1873).viii1

Dans la cour du Brick-Tower [Tour de Briques], où elle avait passé ses dernières heures, l’on montre encore le lieu du supplice où Jeanne Grey a été décapitée – tout comme le cachot dans la Tour Beauchamp, où Anne Boleyn a passé les derniers jours précédant son exécution.


Marie Stuart

Suivant l'ordre chronologique, à ces trois reines anglaises succéda la reine écossaise Marie Stuart, rendue immortelle par le drame de Schiller.

Toutefois, dans le contexte historique, son image, transfigurée par le génie de notre plus grand poète national, apparaît un peu ternie. Nous la voyons moins en touchante martyre et innocente victime de sa beauté et de son amour qu'en femme intrigante et dominatrice. La fille de Jacob V d'Écosse, née le 8 Décembre 1542, soit quelques jours avant la mort de son père, elle, était reine tout en étant encore au berceau. Henri VIII d'Angleterre l'avait demandée en mariage pour son fils. Néanmoins, la reine-mère – en fidèle catholique – emmena sa fille dans un couvent français pour qu'elle puisse y recevoir son instruction. Le 29 Avril 1558, Marie fut donné en mariage au dauphin et futur roi, François II de France. à la mort de celui-ci, Marie rentra en Écosse, au mois d'Août 1561. Dès lors, elle entra en conflit avec sa parente Élisabeth, étant donné qu'elle prétendait au titre de reine d'Angleterre et même au trône anglais. Marie favorisait les catholiques, refusa le mariage avec le comte de Leicester et épousa son cousin, lord Darnley, premier dans la succession au trône anglais. De ce fait, elle se fit des ennemis parmi les protestants, mais surtout en la personne de sa puissante rivale, Élisabeth. Celle-ci n'avait pas réussi à empêcher le mariage de Marie, même en ayant recours à la force des armes. À ce mariage s'ajoutaient ses légères mœurs françaises, son échange de lettres avec les cours catholiques et sa liaison avec son secrétaire, le musicien italien Rizzio, ce qui provoquait scandales et irritations. À l'instigation de Darnley, Rizzio fut donc assassiné dans un coup de main par ses conjurés, sous les yeux de la reine. Marie, qui, le 19 Juillet 1566, avait mis au monde un fils, Jacob VI, fut, par la suite, accusée d'être co-responsable de la mort de Darnley, survenue lors d'une explosion de poudre, le 9 Février 1567. Le comte Bothwell, avec lequel elle avait été liée depuis un certain temps, fut accusé en même temps que Marie Stuart.

Bothwell, qui, après avoir été acquitté, avait divorcé de sa première épouse, enleva Marie dans l’un de ses châteaux et l'épousa le 15 Mai 1567. Indignée par ces faits, la noblesse calviniste envoya des troupes contre les nouveaux mariés. Bothwell réussit à s'enfuir au Danemark, où il devait mourir plus tard. Marie Stuart fut faite prisonnière et on l'emmena d'abord à Édimbourg, puis au château de Lochleven.

Le 24 Juillet 1567, la reine renonça à la couronne en faveur de son fils. Malgré ceci, elle ne fut pas libérée. Le parti catholique envoya donc le jeune comte Douglas, un frère du châtelain de Lochleven, pour libérer Marie. à la suite de la libération réussie, la reine déclara que son abdication lui avait été extorquée de force et réunit un corps de 6000 hommes armés. Pourtant, ces soldats furent vaincus.

Par la suite, elle décida de s'enfuir en Angleterre et demanda à Élisabeth de la prendre sous sa protection. Celle-ci fit, sans plus, arrêter sa rivale et refusa de la rencontrer jusqu'à ce que Marie se soit lavée de la suspicion d'être co-responsable de la mort de Darnley. L'attitude hautaine de Marie devant la commission d'enquête et un certain nombre d'événements devaient conduire finalement la reine anglaise à la résolution de se débarrasser de cette dangereuse prisonnière.

Parmi ces événements figurent: La tentative de libération des comtes Northumberland et Westmoreland comme de la part du duc de Norfolk, la bulle d'excommunication du pape à l'égard d'Élisabeth et plusieurs complots fomentés par la cour espagnole. Le fait déterminant dans cette résolution avait été le complot de Babington ayant pour but d'assassiner Élisabeth et de libérer Marie. Il est certain que cette dernière était d'accord avec le complot. Ce qui n'a pas été prouvé est si, oui ou non, elle avait été informée du projet d'assassiner Élisabeth, ce qu'elle niait malgré l'existence d'un passage dans une lettre.

En Octobre 1586, après l'exécution des conjurés, Marie Stuart fut également déférée à la justice. Elle devait comparaître devant un tribunal d'exception. Là, elle fut déclarée coupable de haute trahison et condamnée à mort. Le parlement confirma la sentence, mais Élisabeth, toujours hésitante, ne la signa qu'après la découverte d'un autre complot. Après cela, toutes les démarches de sauvetage de la part d'Henri III de France, de la cour espagnole et de Jacob VI, le fils de la malheureuse, furent vaines : Le 18 Février 1587, elle fut exécutée au château de Fotheringhay, après s'être elle-même administrée l'hostie reçue du pape. Voici le compte rendu des dernières heures de Marie et des événements lors de la décapitation, basé sur les ouvrages historiques correspondants, notamment le récit d'Arnold Gaedeke :

« Comme suite à la signature valide de l'arrêté de mort arrivèrent au château de Fotheringhay les comtes Shrewsbury et Kent, en qualité d'huissiers suprêmes, accompagnés par le shérif du comté. C'était le 17 Février. La reine, indisposée, était dans son lit, mais elle déclara être prête à se lever, si c'était nécessaire. Ainsi, elle reçut les deux lords, habillée et assise sur une chaise à côté de son lit. Alors que les autres participants étaient restés couverts, Shrewsbury s'approcha de la reine, la tête découverte, et lui notifia qu'étant donné que sa cause avait été décidée "de façon honorable" au moyen d'un procès et qu'elle avait été jugée coupable, le jugement allait être exécuté, ce à quoi la reine d'Angleterre se sentait contrainte, suite à la demande de ses sujets. Après cela, Beale fit la lecture du jugement relatif à "Marie Stuart, fille de Jacob V, autrefois reine d'Écosse et reine douairière de France", suivi de l'ordre de son exécution.

Toutes ces notifications furent accueillies sans aucun signe de consternation de la part de la condamnée, qui répondit avec grande dignité et calme qu'«elle remerciait les lords d'une si agréable  nouvelle; car on lui faisait du bien en l'enlevant de ce monde, qu'elle allait bien volontiers quitter, étant donné qu'elle n'y rencontrait que de la misère et qu'elle ne pouvait plus être utile à qui que ce soit. Depuis dix ans, elle avait attendu ce destin. Elle était reine, reine née et ointe, la parente la plus proche de la reine d'Angleterre, petite-fille d'Henri VII et elle avait eu l'honneur d'avoir été reine de France. Cependant, au cours de toute sa vie elle n'avait connu que des malheurs et elle était heureuse de voir qu'il plaisait à Dieu de la libérer de sa souffrance et de son chagrin. Elle était prête et très contente de mourir et de verser son sang pour la Cause de Dieu et pour l'Église catholique et en vue de maintenir ses droits dans ce pays. Elle avait constamment employé toutes ses forces dans ce sens».

Après cela, elle posa la main sur une Bible qui se trouvait devant elle et jura qu'elle n'avait jamais désiré la mort de la reine d'Angleterre ni de qui que ce soit d'autre. À plusieurs reprises, elle refusa vigoureusement l'assistance du déchant Fletscherix de Peterborough et réclama un prêtre de sa religion catholique afin qu'il puisse la consoler et la préparer à sa mort, ce qui lui fut refusé. De même, on lui refusa sa demande d'ajournement en vue d'un règlement des dispositions testamentaires et on fixa la date de l'exécution au lendemain matin. Malgré ceci, Marie Stuart continua à conserver un calme surprenant et presque serein. Au dîner, elle but à la santé de tous les domestiques qui l'entouraient, bouleversés et en lamentations. Elle adressa à tout le monde des paroles d'exhortation et de pardon et distribua ses bijoux et ses vêtements à ses fidèles. Pendant la nuit, elle écrivit encore quelques lettres d'adieu, dans lesquelles elle demandait, entre autres, à son beau-frère Henri III de payer les legs à ses domestiques, et nommait le duc de Guise son exécuteur testamentaire. Pendant ce temps son chapelain priait pour elle au château sans qu'il lui soit permis de la voir. À six heures, après un court repos nocturne, la reine se leva pour se préparer aussi extérieurement à son dernier chemin.

Ainsi elle apparut, vêtue d'une robe en velours cramoisi et marron, avec un corsage en satin noir et un long manteau traînant, également en satin noir et garni de fourrure de zibeline. Son voile blanc allait jusqu'aux pieds. Alors son médecin, Bourgoing, dût lire à haute voix son testament. Ensuite, elle distribua parmi ses serviteurs le peu d'argent qui lui restait et passa le reste du temps en prières devant son Autel particulier. À 8 heures, on lui annonça que tout était prêt et vers 9 heures arriva le shérif pour l'accompagner en bas. Soutenu par ses serviteurs, Marie Stuart quitta ses appartements. Devant elle, l’on portait un crucifix. À l'escalier, elle était attendue par Kent et Shrewsbury, accompagnés de son fidèle maître d'hôtel, Andreas Melvil, qu'elle embrassa et auquel elle confia des bénédictions à l'égard de son fils. Comme le vieillard, profondément courbé, recevait en larmes "ce message le plus triste de sa vie", la vouée à la mort le calma en disant : "Tu devrais plutôt te réjouir, mon bon Melvil, de ce que Marie Stuart soit arrivée à la fin de ses souffrances. Tu sais, ce monde est vaniteux et rempli d'inquiétudes et de misères. Raconte à mes Amis que je meurs, fidèle à ma religion, en véritable Écossaise et Française."

Arrivée dans la salle inférieure du château, elle monta alors sur l'échafaud, drapé de noir et prit place sur un siège, également drapé de noir. À sa droite, étaient assis les deux lords, à sa gauche se tenait debout le shérif, et en face d'elle se trouvaient les deux bourreaux, habillés de velours noir. Derrière un barrage, se trouvaient environ 200 habitants des alentours en spectateurs, parmi lesquels plusieurs nobles. Après que le secrétaire du conseiller privé, Beale, eut, une fois de plus, lu le jugement, la reine se leva pour une dernière allocution, d'une teneur semblable à celle prononcée la veille devant les lords et commença alors à prier selon le rite catholique. Au déchant qui l'avait interrompue, elle répondit : "Je me tiens fermement dans l'ancienne l'église catholique-romaine et je suis disposée à verser mon sang pour elle".

De la même façon, elle refusa, du fait de leur différence de religion, l'offre des lords de prier pour le Salut de son âme. Après cela, elle se leva, les bourreaux s'approchèrent d'elle pour lui enlever le vêtement de dessus, mais Marie Stuart demanda à ses deux femmes de chambre de lui rendre ce dernier service et se laissa aussi bander les yeux par elles. Ce n'est qu'alors qu'elle fut emmenée par les bourreaux au billot. L'un d'eux lui arrangea la tête sur le billot, l'autre plaça ses mains dans son dos. Sur quoi, Shrewsbury se voilà la tête et donna le signal avec la baguette, alors que la reine prononça encore ces paroles : "In manus tuasx, Domine, commendo, etc." Le premier coup toucha l'occiput et ce ne fut qu'au deuxième coup que la tête fut complètement séparée du tronc. Le bourreau souleva la tête coupée et s'écria : "Que Dieu protège la reine d'Angleterre!" Le déchant ajouta : "Que tous leurs ennemis périssent ainsi!" Seul le comte de Kent dit : "Amen!"

Contrairement à l'usage, les vêtements et les autres objets de la reine ne furent pas laissés au bourreau, mais furent entièrement brûlés. – En enlevant le corps sans tête, l’on trouva, à côté de lui, caché dans les vêtements, le petit chien favori de Marie Stuart. Il ne voulait pas quitter le corps et dût être enlevé de force. Après avoir enlevé les viscères, lesquelles furent enterrées en secret, le corps fut embaumé par le médecin local. Au cours des années, et certainement aussi à cause de sa longue captivité, la beauté célébrée de Marie Stuart avait perdu une grande partie de ses charmes. À la fin, elle était devenue grise et avait pris du poids du fait de son manque d'exercice, mais elle avait toujours conservé sa majestueuse apparence.

La mort violente de la reine d'Écosse devait faire bruit en tous lieux, mais elle déclencha une explosion d'indignation dans les cours princières catholiques, tout particulièrement en France et en Espagne. Un grand nombre de malédictions et d’imprécations furent proférées en chaire à l'égard d'Élisabeth d'Angleterre, en invoquant la Vengeance de Dieu. Mais les choses en restèrent là. À Londres, par contre, l'acte fut accueilli avec allégresse. L’on fit sonner toutes les cloches, l’on alluma des feux de joie dans les rues et l’on donna des fêtes, comme si l'Angleterre tout entière avait échappé à une catastrophe. Jacob VI d'Écosse se contenta de faire célébrer un service funèbre pour sa défunte mère, tandis qu'Élisabeth d'Angleterre feignit éprouver de la douleur et prétendit que son ordre avait été mal exécuté. Elle prit même le deuil pour sa parente et fit enterrer la dépouille mortelle de sa rivale à grande pompe princière à la cathédrale de Peterborough, d'où elle fut, vingt-cinq ans plus tard, sur l'ordre de Jacob VI, transférée à Westminster. Là, on lui a érigé un monument.

Marie Stuart aurait pu s'épargner une fin aussi sanglante en s'avouant coupable et en demandant grâce à son ennemie mortelle. Pourtant, elle n'était pas disposée à renier ses principes, à se défaire de sa fierté et voulait rester fidèle à sa foi, fidèle jusqu'à la mort. Le fait d'avoir participé aux conjurations contre Élisabeth s'explique en partie par le traitement qu'elle avait dû subir – ce qui lui a valu, jusqu'à ce jour, admiration et compassion. »


Marie-Antoinette

Admiration et compassion – Marie Antoinette, la malheureuse compagne d'infortune – couronnée - de Marie Stuart, épouse de Louis XVI de France, les mériterait peut-être à plus forte raison.

Même les républicains les plus enthousiastes ne pourront voir sans émotion l'image de cette habsbourgeoise, qui, au cours de la Terreur, en France, a perdu sa couronne, sa liberté, sa famille et finalement sa propre vie. Née le 2 Novembre 1755 à Vienne, elle était la fille de l'impératrice Marie-Thérèse et de l'empereur François 1er. Dès le 16 Mai 1770, elle avait épousé le petit-fils de Louis XV, devenu dauphin à la mort de son père. Mais sa si brillante vie avait été ternie par des accidents survenus au moment même de ses noces et par les intrigues de la cour contre « l'étrangère ».

Après l'avènement sur le trône du dauphin, l’on reprocha à la jeune reine un goût du plaisir et du favoritisme. Quand, en 1778, elle mit au monde son premier enfant, l'entourage du comte de Provence, qui aspirait à la succession au trône, saisit l'occasion pour mettre en doute la moralité de la reine. C'est surtout par la fameuse affaire du collier qu'elle s'était attirée des médisances. Pourtant, dans cette affaire elle avait été innocente, tout au plus imprudente.

Malgré sa bonté de cœur, elle avait été, dès le début de la Révolution, très impopulaire, mais la haine du peuple contre "l'Autrichienne", comme, le plus souvent, on l'appelait, devait, de plus en plus, s'accroître. Dès 1789, au moment des événements de Versailles, quand la populace furibonde avait pénétré jusqu'à sa chambre à coucher, sa vie avait été en danger. Après cela, elle fut obligée de déménager aux Tuileries avec son époux, ses deux enfants et sa belle-sœur. Une tentative d'évasion, entreprise à son instigation le 21 Juin 1791, avait échoué, et l'invasion austro-prussienne, engagée sur sa demande pour sauver le trône et la famille royale, avait conduit au résultat inverse.

Lors des soulèvements des 20 Juin et 10 Août 1792, elle participa à l'Assemblée Nationale à côté du roi et partagea sa captivité au Temple. Néanmoins, au début du procès de Louis XVI, elle dut quitter le roi, et, en Juin 1793, aussi ses enfants.xi Le 2 Août, on l'emmena à sa nouvelle demeure solitaire, la Conciergerie. Plusieurs personnes, dont le marquis de Rougeville, qui avaient tenté de sauver la reine {en la faisant sortir} de cet endroit, durent le payer de leur vie. Non seulement l'agent de police Michonis mais aussi l'exécuteur Sanson éprouvaient de la pitié face à l'effroyable destinée de la malheureuse.

C'est un curieux trait de hasard que la main même qui avait activé le couperet sous lequel tombèrent les têtes du roi et de la reine, dut aussi tenir la plume pour décrire leur fin.

Extraits de ces "Mémoires des Sept Générations d'Exécuteurs (1685-1847)xii, publiées par H. Sanson, dernierxiii exécuteur des hautes œuvres de la cour de Paris", une œuvre assez volumineuse et devenue rare à l'heure actuellexiv, voici quelques-uns des plus importants passages :

"Le 1er Août, la Convention rendit un décret, qui décidait que Marie-Antoinette serait traduite devant le tribunal révolutionnaire. Le 2 Août, à 2 heures du matin, ce décret fut signifié à la reine. Elle l'entendit sans aucun signe d'émotion, fit un paquet de ses vêtements, embrassa sa fille (depuis le 3 Juillet on lui avait enlevé le dauphin), recommanda ses enfants à Madame Élisabeth et suivit les municipaux d'un pas ferme. En passant sous un guichet, elle oublia de baisser la tête et se heurta si violemment que le sang coula de la blessure. à la question du soldat de la garde municipale Michonis, {de savoir} si elle s'était fait mal, elle répondit : "Non, rien ne me fait plus mal, maintenant."

Le concierge de la prison de la Conciergerie était le même Richard sur lequel Charlotte Corday avait produit une si vive impression ; lui et sa femme reçurent la reine avec le respect et la compassion dus à la haute {condition de l’}infortunée. Elle passa la première nuit dans la chambre même du concierge. Après avoir obtenu l'accord de Fouquer-Tinvillexv et sous prétexte de sauvegarder l'immense responsabilité pesant sur lui, Richard lui donna le lendemain ce que l'on appelait la Chambre du Conseil, parce que c'était là que les magistrats de l'Ancien Régime avaient donné audience aux prisonniers pour leur permettre de présenter leurs pétitions ou leurs plaintes.

La pièce était carrelée en briques posées sur champ, la tapisserie, rongée par les rats, tombait des murs en lambeaux, les fenêtres, garnies de barreaux de fer, ne laissaient passer ni l'air pur ni une lumière claire. L’on mura la seconde des deux portes, la chambre fut séparée en deux parties par un rideau ouvert au milieu et masqué par un paravent. De cette manière, l’on avait obtenu deux chambres. Dans celle de devant étaient postés, jour et nuit, deux gendarmes, alors que la chambre arrière était réservée à Marie-Antoinette. L'instruction judiciaire contre de la reine traînait en longueur, car l’on avait du mal à trouver des preuves suffisantes de culpabilité.

Entre temps, les fidèles de Marie-Antoinette avaient essayé de la libérer du cachot. Ainsi, le marquis Rougeville était parvenu à elle. Il lui présenta un œillet qu'il avait à sa boutonnière. Caché dans la fleur se trouvait un billet par lequel il lui offrait ses services. Pour ne pas mettre en péril la vie du noble chevalier, elle piqua avec l'aiguille une réponse négative dans le papier. Tout à coup, entra l’un des gendarmes de garde qui confisqua le billet. Là-dessus, l’on emprisonna plusieurs agents de surveillance et la reine fut transférée dans une autre chambre sous une surveillance encore plus étroite.

Le 12 Octobre, Fouquier-Tinvillexvi procéda à la mise en accusation publique contre Marie-Antoinette, "veuve de Louis Capet", en l'accusant dexvii:

"De concert avec les frères de Louis Capet et l'infâme ex-ministre Calonne, avoir dilapidé d'une manière effroyable les finances de la France, d'avoir fait passer des sommes incalculables à l'empereur, et d'avoir ainsi épuisé le trésor national ;

D'avoir, tant par elle que par ses agents contre-révolutionnaires, entretenu des intelligences et des correspondances avec les ennemis de la République, et d'avoir informé ou fait informer les mêmes ennemis des plans de campagne et d'attaque convenus dans le conseil ;

D'avoir, par ses intrigues et manœuvres et celles de ses agents, tramé des conspirations et des complots contre la sûreté intérieure et extérieure de la France, et d'avoir, à cet effet, allumé la guerre civile dans divers points de la République, et d’avoir armé les citoyens les uns contre les autres, et d'avoir, par ce moyen, fait couler le sang d'un nombre incalculable de citoyens." –

Le décret du 1er Août ordonnait que les dépenses de la haute prisonnière soient réduites au strict nécessaire. La Commune, dans sa haine, allait encore plus loin en refusant l'indispensable à la reine. Les vêtements de deuil qui lui avaient été accordés tombaient en lambeaux, mais Marie-Antoinette dédaigna de faire même le moindre appel à la pitié de ses ennemis et elle consacra sa nuit à repriser sa robe noire.

Le lendemain (14 Octobre), on vint la prendre à 10 heures pour l'emmener au tribunal révolutionnaire. Elle traversa une double haie de gendarmes qui avaient été placés depuis la porte de son cachot jusqu'au prétoire où un officier de gendarmerie l'introduisit. Elle marchait lentement et avec cette majestueuse solennité des réceptions d'étiquette ; elle portait la tête haute, sa physionomie n'accusait ni trouble ni intention de braver ses juges ; elle était froide, calme, presque indifférente ; ses cheveux blancs, les rides sur son front et autour de sa bouche, le large cercle rougeâtre qui entourait ses yeux et son regard, qui parfois devenait atone, témoignaient des tortures morales qu'elle avait subies ; mais ce visage impassible semblait avoir acquis la rigidité du marbre, comme si l'âme vaincue s'était déjà dérobée au martyre. Elle s'assit sur un fauteuil, en face du tribunal, ses deux avocats, Tronson-Ducoudrayxviii et Chauveau-Lagarde, prirent place à ses côtés.

Le président Herman adressa à l'accusée les questions au sujet de son nom et de son âge. Sa réponse fut : "Marie-Antoinette de Lorraine d'Autriche, veuve de Louis, ci-devant roi de France, âgée de 37 ans". Après la lecture de l'acte d'accusation, l’on procéda à l'audition des témoins. Après chaque déposition, le président adressait à la reine une série de questions auxquelles elle répondait avec beaucoup de dignité et de fermeté.

Un témoin, le substitut du procureur de la Commune, Jacques-Réné Hébert, chargea l'accusée de si impudente manière qu'il suscita des irritations même parmi ce public hostile à la reine.

Ainsi, l’on se servait même du jeune Capet pour exposer sa mère aux soupçons de toutes sortes. Quand, par exemple, le cordonnier Simon, chargé des soins de l'enfant, l'avait surpris dans des vices secrets, nuisibles à la santé, celui-ci lui ayant demandé qui les lui avait apprises, le garçon avait nommé sa tante. En outre, le témoin fit observer que d'une déclaration faite par le jeune Capet en présence du maire de Paris, il résultait que sa tante et sa mère avaient commis avec lui des traits de la débauche la plus effrénée, probablement dans le but de nuire à la santé de l'enfant et s'assurer ainsi l'influence sur le futur héritier du trône. Depuis qu'il n'était plus avec sa mère, le jeune Capet reprenait un tempérament robuste et vigoureux. Cette infâme déposition avait été prononcée au milieu d'un morne silence. Lorsque Hébert eut terminé, un frémissement d'horreur courut dans l'auditoire. Si implacable que fût la haine de ceux qui se trouvaient là, cette haine était remplacée par la pitié ou par la révolte contre le misérable et son infâme déposition.

Marie-Antoinette elle-même parut insensible à cet outrage; elle l'entendit sans daigner laisser tomber un regard sur l'auteur. Ce ne fut que plus tard, au cours de son interrogatoire, qu'elle répondit à ce sujet. Un juré avait rappelé au président que l'accusée n'avait fait aucune déclaration au sujet des incidents entre elle et son fils, mentionnés par le citoyen Hébert. Voici sa déclaration : "Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à une pareille inculpation faite à une mère. J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici!"

Sanson ajoute à ce sujet: "Lorsqu'elle avait été forcée de répondre à une accusation dont elle avait espéré que ses mépris faisaient une suffisante justice le visage impassible de la reine s'était subitement ranimé ; ses yeux desséchés, ces yeux qui n'avaient plus de larmes, avaient lancé des éclairs, et de ses lèvres frémissantes était tombée la simple mais touchante invocation qui vibra dans tous les cœurs, si bien que même les femmes qui n'étaient là que pour jouir de l'abaissement de leur ancienne souveraine, subitement touchées dans la maternité, le seul sentiment qui eût survécu à leur abjection, pleurèrent à grand bruit."

Lors de l'interrogatoire ultérieur, le président se garda bien d'interpeller le témoin Simon, qui, en tant qu'"instituteur" de Charles-Louis Capet, devait être au courant des abominables faits rapportés par Hébert. Marie-Antoinette eut au moins la consolation de voir ainsi ses juges eux-mêmes reconnaître l'infamie de cette accusation.

Lorsque l'interrogatoire fut terminé, Herman demanda à la reine si elle avait quelque chose à ajouter pour sa défense. Marie-Antoinette hésita un instant – peut-être pensait-elle qu'une aussi misérable vie ne valait pas la peine d'être défendue – mais elle songea sans doute à ses enfants et elle répondit avec beaucoup de présence d'esprit et de force que les témoins qu'elle avait entendus n'avaient pas articulé un seul fait positif vis-à-vis d’elle, que, épouse de Louis XVI, il était impossible qu'on la declarât responsable des actes d'un roi que la Constitution avait lui-même rendu irresponsable.

Au commencement de la séance du 16 Octobre, Fouquier-Tinville prononça son réquisitoire. Chauveau-Lagarde et Tronson-Ducoudray présentèrent la défense de la reine ; le premier dans un discours très brillant où il trouva de grands effets d'éloquence, le second dans un plaidoyer où il réfuta les uns après les autres tous les éléments de l'accusation. Leurs discours furent accueillis par un respectueux silence. Lorsque Tronson-Ducoudray eut fini de parler, les gendarmes emmenèrent Marie-Antoinette et, après avoir fait un résumé, Herman soumit aux jurés les quatre questions suivantes:

1. «Est-il constant qu'il ait existé des manœuvres et intelligences avec les puissances extérieures de la République, lesdites manœuvres tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l'accès au territoire français pour y faciliter le progrès de leurs armes?»

2. «Marie-Antoinette d'Autriche, veuve de Louis Capet, est-elle convaincue d'avoir coopéré à ces manœuvres et d'avoir entretenu ces intelligences?»

3. «Est-il constant qu'il ait existé un complot et une conspiration tendant à allumer la guerre civile à l'intérieur de la République?»

4. «Marie-Antoinette d'Autriche, veuve de Louis Capet, est-elle convaincue d'avoir participé à ce complot et à cette conspiration?»

Les jurés, après une heure de délibération, rentrèrent en séance et firent une déclaration affirmative sur toutes les questions qui leur avaient été posées. Le président adressa alors au peuple un discours dans lequel il exhortait l'auditoire à s'abstenir de tout signe d'approbation étant donné qu'une personne atteinte par la loi n'appartenait plus qu'au malheur et qu'elle méritait leur pitié. Sur ce, la reine fut ramenée à l'audience et Herman lui donna lecture de la déclaration du jury. Fouquier-Tinville présenta son réquisitoire demandant à ce que l'accusée soit condamnée à la peine de mort. Le président, après avoir recueilli les opinions de ses collègues, prononça le jugement suivant:

"Le tribunal, d'après la déclaration unanime du jury, faisant droit sur le réquisitoire de l'accusateur public, d'après les lois par lui citées, condamne ladite Marie-Antoinette, dite Lorraine d'Autriche, veuve de Louis-Capet, à la peine de mort, déclare, conformément à la loi du 10 Mars dernier, ses biens, au cas où elle en aurait, sur l'étendue du territoire français, acquis et confisqués."

À ces mots, et malgré les exhortations d'Herman ayant précédé, la haine, qui avait été inspirée au public contre la reine, déborda en applaudissements furieux.*xix

En quittant la salle peu de temps après, la reine put entendre encore à travers la porte retombée derrière elle, les éclats de joie saluant sa mort prochaine, mais ils ne parvinrent pas à lui arracher un seul geste de colère ou un sourire de pitié.

Rentrée dans la prison, elle enveloppa ses jambes refroidies dans une couverture, se jeta tout habillée sur son lit et s'endormit. La longueur des débats avait épuisé ses forces. Pendant les séances, commencées à neuf heures et ne finissant que fort avant dans la nuit, elle n'avait pas mangé et le traitement qu'on lui infligeait était si sévère qu'un officier de gendarmerie fut obligé de se justifier d'avoir donné à l'infortunée un verre d'eau. Ce sommeil dura une heure à peine. Elle se réveilla et demanda au concierge Bault du papier, une plume et de l'encre, s'assit sur son lit et écrivit cette lettre émouvante, digne en tout du testament de Louis XVI, lettre qui ne fut publiée qu'en 1816.


«Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurois voulu les écrire dès le commencement du procès, mais outre que l’on ne me laissoit pas écrire, la marche en a été si rapide que j’en {n’}aurais réellement pas eu le temps.

Je meurs dans la religions catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée et que j’ai toujours professée; n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposeroit trop s’ils y entroient une fois.

Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe.

J’espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux  que je fais depuis long-temps pour qu’il veuille bien recevoir mon âme, dans sa miséricorde et sa bonté.

Je demande pardon à tous ceux que je connois, et à vous ma sœur en particulier, de toutes les peines que sans le vouloir j’aurois pu vous causer; je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait.

Je dis adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avois des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais, et leurs peines, sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant. Qu’ils sachent du moins que jusqu’à mon dernier moment j’ai pensé à eux.

Adieu! Ma bonne et tendre sœur! Puisse cette lettre vous arriver!

Pensez toujours à moi. Je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que mes pauvres  et chers enfan{t}s. Mon Dieu! Qu’il est déchirant de les quitter pour toujours!

Adieu ! Adieu ! Je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un étranger."

Extrait de la lettre de Marie-Antoinette à sa belle-sœur,
Madame Elisabeth, écrite le 16 Octobre 1793  à 4 heures et demie du matin,
quelques heures avant son exécution. Source: Archives Nationales.


Lorsque la lettre fut achevée, la reine en baisa toutes les pages, la plia et la donna à Bault pour la réexpédition. Ensuite elle resta muette, son visage appuyé sur ses mains en demeurant pendant quelque temps dans cette attitude. Elle était encore dans cette position lorsque l'entrée du "citoyen Girard, curé de Saint-Landry" interrompit le silence. En entendant son nom, la reine murmura : "Un curé? En ce moment, il n'y en a guère!" Ensuite elle se plaignit d'un froid aux pieds. L'abbé Girard lui conseilla de les envelopper dans son oreiller; elle le fit et le remercia de son avis. Toutefois, elle refusa son secours spirituel et à la fin Girard se retira, les larmes aux yeux.

En même temps, entra la fille aînée du concierge, qui, de temps en temps, l'avait aidée. Elle était si troublée qu'elle se laissa tomber en sanglotant sur une chaise. Pour cette raison, l’un des gendarmes la traita si brutalement que Bault dut intervenir auprès de la fille.

La reine, visiblement attendrie par sa douleur, la consola également avec de douces paroles et lui fit observer en souriant qu'elle avait oublié l'objet le plus important. C'était la robe blanche que la reine avait apportée au Temple et qui, avec sa robe noire, composait toute sa garde-robe. Elle avait désiré s'en vêtir pour aller à l'échafaud, mais elle était en si mauvais état qu'elle avait prié la jeune fille d'y mettre une bordure neuve. Au moment où la fille Bault sortait pour aller chercher la robe, Marie-Antoinette la pria d'apporter aussi des ciseaux. Cette dernière demande souleva des difficultés. Les gendarmes ne voulaient pas permettre qu'on remît à la condamnée un instrument qui, dans ses mains, pouvait devenir une arme. Ainsi il fut convenu que la fille de Bault couperait les cheveux de la reine en présence du concierge et des deux gardiens. Lorsque l'exécuteur, Charles Henryxx Sanson, et son fils arrivèrent à la Conciergerie à 10 heuresxxi, elle était déjà tout entourée de citoyens en armes. Dans la cour stationnaient un détachement de gendarmerie ainsi que quelques cavaliers et des officiers de l'armée révolutionnaire.

La reine était dans la "salle des morts", assise sur un banc, la tête appuyée contre le mur; les deux gardiens étaient à quelques pas avec Bault, le concierge; la fille de celui-ci se tenait debout devant Marie-Antoinette et pleurait. Sanson fit avancer la charrette – une voiture fermée comme pour le roi n'avait pas été permise – et entra à la Conciergerie avec l'huissier, les gendarmes et son fils.

En apercevant l'escorte, la reine se leva et fit un pas pour aller au-devant des exécuteurs, mais sur un mouvement de la fille Bault, elle s'arrêta et l'embrassa avec beaucoup de tendresse. Elle était vêtue d'une robe blanche. Un fichu également blanc couvrait ses épaules. Elle avait sur la tête un bonnet serré d'un ruban noir. Elle était très pâle, mais cette pâleur ne s'étendait pas à ses lèvres; ses yeux, entourés d'un large cercle qui trahissait ses insomnies, brillaient d'un vif éclat.

Ici, Sanson note : "Mon grand-père et mon père s'étaient découverts, beaucoup de ceux qui étaient avec eux avaient salué. L'huissier Nappier et quelques militaires, seuls, s'abstinrent de donner ce témoignage de déférence à une grande infortune."

Avant qu'aucun d'entre eux n’ait eu le temps de prendre la parole, Marie-Antoinette s'avança et dit d'une voix brève qui ne trahissait aucune émotion: "Je suis prête, Messieurs, nous pouvons partir !"

Charles Henry lui fit observer qu'il était nécessaire que certaines précautions fussent prises. La reine se retourna, lui montrant sa nuque dont les cheveux avaient été coupés. "Est-ce bien ainsi?" lui dit-elle. En même temps, elle tendit ses mains pour qu'on les attachât. Sur cela, un prêtre, l'abbé Lothringer, qui, auparavant, avait déjà demandé la permission d'accompagner Marie-Antoinette, répéta sa demande. Bien qu'il fût un prêtre "assermenté" qu'elle refusait par principe, elle céda finalement à ses insistances et répondit: "Comme il vous plaira, Monsieur!".

Le cortège se mit immédiatement en marche.

Les gendarmes précédaient la reine, près de laquelle l'abbé Lothringer faisait tous ses efforts pour se maintenir; derrière venaient l'huissier et d'autres gendarmes. L’on avait placé un tabouret pour lui faciliter la montée sur la charrette. Les portes s'ouvrirent, la reine apparut au milieu de cette sinistre escorte, et aussitôt tout ce peuple entassé sur les quais et sur les ponts ondula comme une mer houleuse en hurlant mille cris de malédiction et de mort. La foule était tellement compacte que la charrette ne pouvait avancer ; le cheval épouvanté se cabrait dans les brancards. En ce moment, quelques-uns des plus furieux braillards pénétrèrent dans les rangs de cette faible escorte pour injurier la moribonde de tout près, au point qu'un officier de l'armée révolutionnaire eut la lâcheté de menacer de son poing fermé la victime sans défense. L'abbé Lothringer le repoussa en lui reprochant l'indignité de cette action.

«Jamais», relate Sanson à ce sujet, «Marie-Antoinette ne s'était montrée plus digne du rang suprême. C'était bien une reine que cette femme qui soutenait sans blêmir, sans baisser ses paupières, les regards féroces du «peuple-roi»xxii, qui entendait sans tressaillir les rugissements du lion auquel on la jetait en pâture, qui se tenait droite comme le César romain, sans fléchir le genou, pour laquelle le hideux tombereau était encore un trône, et qui, enfin, dans l'avilissement auquel on l'avait réduite, parvenait, par la force de son âme, à commander le respect à des cœurs incapables de pitié.»

«Marie-Antoinette était debout au milieu de la charrette. L'abbé Lothringer, appuyé sur la ridelle de droite, lui parlait avec vivacité, mais en vain, elle ne paraissait pas même l'entendre. Elle paraissait inquiète et regardait les numéros des maisons. Un prêtre non assermenté qu'elle avait rencontré à la prison, lui avait promis de se trouver, le jour du supplice, dans une maison de la rue Saint-Honoré et de laisser, in extremis, tomber sur sa tête l’absolution. Après avoir trouvé le numéro de la maison, et, ayant reconnu le prêtre à un signe qu’elle seule pouvait comprendre, elle baissa le front, se recueillit et pria ; puis un soupir de soulagement souleva sa poitrine et l’on vit un sourire sur ses lèvres.

En arrivant sur la place de la Révolution, la charrette s'arrêta précisément en face de la grande allée des Tuileries, ce qui devait toucher la Reine plus douloureusement encore. Elle devint beaucoup plus pâle, ses paupières s'humectèrent et on l'entendit murmurer d'une voix sourde: "Ma fille! Mes enfants!"»

Ici, l'exécuteur note textuellement:

«Au bruit de l'échafaud que l'on ajustait, elle parut revenir à elle et se prépara à descendre. Mon grand-père et mon père la soutenaient; au moment où elle posa le pied par terre Charles Henri lui dit à voix basse: "Courage, Madame!" La reine se retourna brusquement et, comme si elle eût été bien étonnée de rencontrer cette pitié chez celui qui allait la mettre à mort, elle lui répondit sur un ton ferme: "Merci, Monsieur, merci." Quelques pas seulement séparaient la charrette de l'échafaud; mon père voulut continuer à la soutenir, elle refusa en disant: "Non, j'aurai, Dieu merci, la force d'aller jusque-là." Et elle s’avança, d'un pas égal, sans précipitation, ni lenteur, et monta les degrés avec autant de majesté que si ces degrés eussent été ceux du grand escalier de Versailles.»

«Son arrivée sur la plate-forme produisit un instant de confusion. L'abbé Lothringer l'avait suivie jusque-là et continuait ses inutiles exhortations ; mon père le repoussa doucement pour abréger enfin ce poignant supplice. Les aides s'emparèrent alors de la victime. Pendant qu'ils l'attachaient sur la bascule, elle leva les yeux vers le Ciel et s'écria d'une voix très haute: "Adieu, mes enfants, je vais rejoindre votre père!"

Elle avait à peine achevé ces mots que la bascule était mise en place et que le couteau s'abattait sur sa tête. Des cris : "Vive la République !" répondirent au bruit du couperet, mais ces cris étaient généralement circonscrits aux alentours de l'échafaud. Un des aides devait montrer au peuple la tête dont les paupières étaient encore agitées par un frisson convulsif.

Le corps de la reine fut enfermé dans un mauvais cercueil de bois blanc et consumé dans la chaux du cimetière de la Madeleine; ses vêtements furent distribués aux pauvres des hospices.» –


Titre original: "Vom Throne zum Schaffot".

Professeur Alfred Börckel,

Conseiller à la Cour, Mayence.


- Traduit de l'allemand. -xxiii


Extrait du Cahier n° 5-6-7, pages 200 à 222, de la Revue

Der Ruf- Schrift für alles fortschrittliche Wissen“

[„L’Appel – écrit pour tout Savoir générateur de Progrès“].

- Verlag der Gralsblätter, Tutzing -


Plus de détails sur Marie-Antoinette


Résumé historique

Depuis sa fuite et son arrestation à Varennes en Juin 1791, le sort de la famille royale était en suspens. La journée insurrectionnelle du 10 Août 1792 allait tragiquement sceller son avenir. Louis XVI, reconnu coupable d’intelligence avec les puissances étrangères, avait été exécuté le 21 Janvier 1793. Enfermée à la prison du Temple avec ses enfants et sa belle-sœur, Marie-Antoinette pouvait redouter ce qui l’attendait, même si, au cours du procès du roi, le sort des autres membres de la famille royale n’avait pas été envisagé. Alors que les difficultés intérieures et extérieures menaçaient de renverser la jeune République, Marie-Antoinette, symbole de l’Ancien Régime et incarnation du mal pour une Révolution tentant d’édifier une ère nouvelle, était transférée à la Conciergerie. Le 3 Octobre, la Convention décidait de la traduire devant le Tribunal révolutionnaire. Le 15, au terme d’un procès expéditif, elle était condamnée à la peine de mort pour crime de haute trahison. Elle fut exécutée le 16 Octobre à midi un quart.


La dernière lettre ou «Lettre-testament»

Voici, maintenant, la dernière lettre complète de Marie Antoinette à sa belle-sœur (la sœur du roi Louis XVI), Madame Elizabeth (Lettre du 16 Octobre 1793).


«Ce 16 Octobre à 4 heures du matin.


C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois. Je viens d'être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère; comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme, comme on l'est quand la conscience ne reproche rien; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants; vous savez que je n'existais que pour eux ; et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse!

J'ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous: hélas! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra.

Recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins.

Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer: que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelles en fera le bonheur ; que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a, elle doit aider son frère par les conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer -.

Que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer; qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu'ils prennent exemple de nous!

Combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donnés de consolation! et, dans le bonheur, on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus unique que dans sa propre famille?

Que mon fils n'oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément, qu'il ne cherche jamais à venger notre mort.

J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine; pardonnez-lui, ma chère sœur; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas: un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux.

Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées; j'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide, que je n'en aurais réellement pas eu le temps.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion; et même le lieu où je suis les exposerait trop, s'ils y entraient une fois.

Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté.

Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs.

J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant. Qu'ils sachent, du moins, que jusqu'à mon dernier moment, j'ai pensé à eux.

Adieu, ma bonne et tendre sœur; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants.

Mon Dieu! Qu'il est déchirant de les quitter pour toujours! Adieu, adieu, je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels.

Comme je ne suis pas libre de mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot et que je le traiterai comme un être absolument étranger.»


- Document contresigné par Guffroy, Massieu, Lecointre, Fouquier-Tinville et Leg[...] (Legot?). -


Cette lettre ne fut jamais remise à la belle-sœur de Marie-Antoinette, élisabeth, mais elle fut remise à un certain Bault, qui l’apporta au sinistre Fouquier-Tinville (le cruel accusateur de Marie-Antoinette). Après le 9 Thermidor, le membre de la Convention Courtois, chargé de la perquisition de la maison de Robespierre, trouva le document et le conserva pendant tout la période napoléonienne. En 1816, au cours de la période de la Restauration, le vieux régicide, pour se gagner l’indulgence des Bourbons, donna la lettre à Louis XVIII, frère du défunt Louis XVI.

Pour ce qui concerne le texte mis en évidence en bleu, certains historiens ont voulu y lire un message d’adieu pour Fersenxxiv, mais cette hypothèse demeure, bien sûr, toujours sujette à caution.


L’on suppose que la tache sur le papier est une larme tombée des yeux de Marie Antoinette, et qui aurait dilué l’encre…


Conclusion

De même que les lecteurs de l’époque étaient invités à une profonde réflexion sur la Loi de l’Effet de Réciprocité ayant activé le Destin de toutes ces personnes, nous espérons que les visiteurs de L’Ecole de Vie trouveront, dans toutes ces terribles mais exemplaires histoires individuelles, matière à nourrir une profonde et édifiante réflexion personnelle. C’est souvent ainsi que commence l’Ascension spirituelle.

Si certains lecteurs/visiteurs veulent, aujourd'hui, relever le Défi spirituel proposé à ceux de 1927, ils peuvent adresser leurs contributions à la rédaction.


Notes:

1 i "erweitern": "élargir".

ii "Weben": "tissage", "activité".

iii "Professor": En Allemagne, ce titre désigne exclusivement un professeur d'université.

iv "Hofrat": "conseiller de la cour".

vRudolf von Gottschall(September 30, 1823 - March 21, 1909), was a German poet and dramatist.

He was born at Breslau, the son of a Prussian artillery officer. He was educated at the gymnasia in Mainz and Coburg, and subsequently at Rastenburg in East Prussia. In 1841 he entered the University of Königsberg as a law student, but was expelled for his outspoken liberal opinions. The academic authorities at Breslau and Leipzig were equally intolerant towards him, and it was only in Berlin that he found himself free to pursue his studies. During this period he issued Lieder der Gegenwart (1842) and Zensurflüchtlinge (1843)--the poetical fruits of his political enthusiasm. He completed his studies in Berlin, and took the degree of doctor juris in Königsberg.

His political views continued to stand in the way of his career, and Gottschall gave up the law to devote himself entirely to literature. He met with immediate success, and beginning as a dramaturge in Königsberg with Der Blinde von Alcala (1846) and Lord Byron in Italien (1847), he went on to Hamburg where he occupied a similar position. In 1852 he married Marie, baroness von Seherr-Thoss, and for the next few years lived in Silesia. In 1862 he took over the editorship of a newspaper, but in 1864 moved to Leipzig. Gottschall was raised, in 1877, by the king of Prussia to the hereditary nobility with the prefix "von," having been previously made a Geheimer Hofrat by the grand duke of Weimar. Down to 1887 Gottschall edited the Brockhaussche Blätter für litterarische Unterhaltung and the monthly periodical Unsere Zeit. He died at Leipzig.

Gottschall’s prolific literary productions cover the fields of poetry, novel-writing and literary criticism. Among his volumes of lyric poetry are Sebastopol (1856), Janus (1873), Bunte Bluten (1891). Among his epics, Carlo Zeno (1854), Maja (1864), dealing with an episode in the Indian Mutiny, and Merlins Wanderungen (1887). The comedy Pitt und Fox (1854), first produced on the stage in Breslau, was never surpassed by the other lighter pieces of the author, among which may be mentioned Die Welt des Schwindels and Der Spion von Rheinsberg. The tragedies, Mazeppa, Catharine Howard, Amy Robsart and Der Gotze von Venedig, were very successful; and the historical novels, Im Banne des schwarzen Adlers (1875; 4th ed., 1884), Die Erbschaft des Blutes (1881), Die Tochter Rübezahls (1889), and Verkümmerte Existenzen (1892), enjoyed a high degree of popularity. As a critic and historian of literature Gottschall has also done excellent work. His Die deutsche Nationalliteratur des 18. Jahrhunderts (1855; 7th ed., 1901-1902), and Poetik (1858; 6th ed., 5903) command the respect of all students of literature.

Gottschall’s collected Dramatische Werke appeared in 12 vols. in 1880 (2nd ed., 1884); he also later published many volumes of collected essays and criticisms. See his autobiography, Aus meiner Jugend (1898).

This entry was originally from the “1911 Encyclopedia Britannica”.


vi L'orthographe selon les sources historiques: "Parr".

vii Le roi édouard VI était mort depuis le 6 Juillet 1553.

viii Note de l’éditeur français : Et, comme l’on peut le voir avec les images ci-dessus, cette histoire a, depuis, aussi beaucoup inspiré les cinéastes

ix L'orthographe du nom selon les sources historiques: "Fletcher".

x Dans le texte allemand: "inmanustuas" (en un seul mot) = "in manus tuas".

xi Là, il doit y avoir erreur, étant donné que nous apprenons par la suite que la reine ne fut séparée de son fils qu'au mois de Juillet 1793 et de sa fille le 2 Août 1793.

xii "1688-1847" selon l'original de M. Sanson.

xiii "ancien exécuteur" selon l'original de M. Sanson.

xiv Grâce à la Bibliothèque Nationale de France et à l'Internet, cette œuvre est maintenant, de nouveau, disponible et peut être téléchargée à l’adresse: http://gallica.bnf.fr/scripts/catalog.php?Sujet=%22famille%22. Le récit de M. Sanson sur Marie-Antoinette se trouve en position 66, chapitres VII et VIII.

xv L'orthographe de ce nom selon l'original de M. Sanson est: "Fouquier-Tinville".

xvi Il est écrit «Fouquir-Tinville» dans le texte allemand, mais bien "Fouquier-Tinville" selon l'original de M. Sanson.

xvii Extraits – Pour avoir le texte complet se référer à l’adresse internet de la Bibliothèque Nationale, déjà indiquée plus haut.

xviii Écrit par erreur «Trouson-Ducoudray» dans le texte allemand, mais bien «Tronson-Ducoudray» dans l'original de Monsieur Sanson.

xix Note de Alfred Börckel, auteur de « Du trône à l’échafaud » : (*) Peut-on ici encore employer la haute parole "Volkes Stimme ist Gottes Stimme !" ["La voix du peuple est la Voix de Dieu !", en latin: «Vox populi, Vox Dei!»]? Comme à beaucoup d'autres occasions, il s'agirait là d'un blasphème !

xx «Charles Henri» dans le texte allemand, «Charles Henry» selon l'original français de M. Sanson.

xxi « 2 heures » dans le texte allemand, «10 heures» selon l'original français de M. Sanson.

xxii Note de l’éditeur français: Sans doute est-ce cela la «démocrassie»?!?

xxiii Toutes les notes sont celles du traducteur ou de l’éditeur français, à l'exception de la note indiquée comme provenant de l’auteur.

xxiv Note de l’éditeur français: Marie-Antoinette et le conte de Fersen, selon la «petite histoire», vécurent un «amour platonque»…


Pour télécharger la version illustrée de l'article (avec des images) ci-dessus, cliquer sur le lien ci-dessous:


Du trône à l'échafaud